Début 1918, le front oriental est quasiment liquidé. Les bolcheviques, confrontés à la guerre civile, ont en effet signé le 3 mars 1918 la paix de Brest-Litovsk avec le IIe Reich. Les ressources de l’Ukraine occupée et la Roumanie permettent aux Allemands de pallier en partie le blocus des Alliés. Quant à l’Italie, on veut croire que les Autrichiens la contiendront aisément. Le nouveau chef d’état-major, Ludendorff, pense disposer de forces suffisantes pour gagner sur le front de l’ouest avant que le déploiement des troupes américaines ne soit optimal. Il s’agira alors d’imposer la Pax germanica. Par un retournement de situation, la victoire de Foch à la seconde bataille de la Marne annonce les offensives alliées qui obligent l’Allemagne à signer l’armistice du 11 novembre.
Au delà des pertes humaines dues au conflit et des victimes innombrables de la « grippe espagnole » qui en augmentent encore le nombre à compter de mai 1918, les destructions matérielles peuvent paraître irrémédiables.
Sur les autres théâtres d’opération, les événements militaires ont beaucoup contribué à la chute des puissances centrales. En Macédoine, l’attaque débute à la mi-juin entraînant la rupture rapide du front. Cette victoire qui oblige la Bulgarie à cesser les hostilités, permet aux Alliés de remonter vers le nord et d’atteindre le Danube le 19 octobre. Deux semaines plus tard la frontière hongroise est franchie.
En Italie, la victoire italienne de Vittorio Veneto du 30 octobre sonne le glas de l’empire Austro-Hongrois. Le même jour, en Syrie, la menace combinée des armées arabo-anglaise et d’un corps hellénique et britannique sur Constantinople, pousse la Turquie à accepter l’armistice de Moudros.
Ces événements considérables, auxquels on pourrait ajouter le dé politique que constitue le succès de la première dictature du prolétariat, ne vont pas sans poser évidemment la question majeure des lendemains, question que l’on pourrait formuler ainsi : « 1918, demain la paix ? » C’est à cette question cruciale que le colloque international qui se tiendra à l’ICES les 15 et 16 novembre – colloque organisé conjointement par le CRICES (centre de recherche de l’ICES) et l’UMR Roland Mousnier (CNRS - Sorbonne Université) s’efforcera de répondre.