Colloque international « De Tannenberg à Verdun, la guerre totale »

17 novembre 2016

Lorsque la crise de juillet 1914 aboutit au déclenchement d'une guerre, chacun des belligérants est persuadé qu'il s'agira d'un conflit court, quelle qu'en soit l'issue. Les survivants seront rentrés dans leur foyer pour la Noël. Force-leur est pourtant d'admettre leur erreur d'analyse.

La guerre s'enterre. Les tentatives de percée (bataille de la Somme - offensives de l'Isonzo - offensive sur Verdun) destinées à porter un coup fatal à l'ennemi se soldent par des échecs. Les avancées des puissances centrales sur le front manquent d'être remises en question par l'offensive Broussilov en juin et juillet 1916. L'attaque des puissances centrales contre la Serbie en novembre 1915 parvient certes à la mettre à genoux, mais sans que les grands équilibres en soient bouleversés.

En quelques mois, la guerre est en passe de devenir totale. Elle l'est par l'entrée de nouveaux belligérants dans le conflit qui s'élargit ainsi à de nouveaux fronts. Dès octobre 1914, l'Empire ottoman se joint aux Puissances centrales ; en mai 1915, l'Italie déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie ; en octobre 1915, la Bulgarie rallie les Puissances centrales et participe à la campagne contre la Serbie ; en août 1916, après deux années d'hésitation, la Roumanie attaque l'Autriche- Hongrie ; la Grèce est à son tour entraînée dans le conflit. La guerre n'est plus seulement européenne. Elle devient mondiale. De nouveaux fronts s'ouvrent en Asie mineure, en Afrique, en Extrême Orient. Les puissances coloniales trouvent en outre dans leur empire des réserves pour lever des troupes qui combattront dans les tranchées.

Ce passage à la guerre totale prend un autre visage. Puisque le conflit ne devait pas durer plus de quelques mois, aucun des belligérants ne s'était préparé à une guerre longue. Cette nouvelle donne place les États devant une double obligation. Sous peine d'aller rapidement au-devant d'une catastrophe, il leur faut mettre au plus tôt l'économie au service de l'effort de guerre, ce qui ne manquera pas de poser à bref délai le rôle de l'État dans l'économie. Il faut ensuite mobiliser les peuples en faveur de l'effort de guerre, c'est-à-dire soutenir le moral de l'arrière. Pour cela il faut inventer les rouages et les ressorts de la propagande, découvrir ou redécouvrir la pratique de la censure, ce qui risque de poser le problème de la compatibilité de ces mesures avec l'État de Droit.

Autant de questions auxquelles le colloque « De Tannenberg à Verdun : la guerre totale » s'efforcera de répondre.