Arrivé en double licence, Lettres et Histoire à l'ICES il y a six ans, Foucault Barret y a « véritablement appris à lire, à écrire, à penser ». Il y a aussi découvert toute la beauté que renferme la langue française et les richesses du patrimoine. Il a ensuite continué ses études par une maîtrise d’Histoire et de journalisme, avant de partir à Paris à la Sorbonne pour un master de littérature française. Lors de son mémoire, il a étudié Maupassant et le lien entre le fait-divers et ses nouvelles, et décembre 2022, il publie donc son premier recueil de nouvelles aux éditions de l'Andriague : Épiphanies. Il nous livre son parcours d'écrivain dans une interview.
Parlez-nous de votre premier livre qui sort ?
« Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance de voir paraître mon tout premier ouvrage, un recueil de nouvelles. Fruit d’un travail de plusieurs années, c’est une compilation de dix histoires indépendantes les unes des autres. Il n’y s’agit pas d’écriture blanche : j’aime évoquer les grands mythes qui composent notre imaginaire, les sentiments contradictoires, une partie du monde qui reste inexpliquée… En somme, jouer d’un fantastique seulement aux limites du réalisme. »
Pourquoi ce titre exactement ?
« Une épiphanie, dont la religion chrétienne a repris le nom, ne se rapporte pas qu’à la frangipane et au petit dernier qui se cache sous la table : il y a dedans une quête de la divinité mais, surtout, l’idée d’apparition soudaine. Comme un changement brutal dans l’être et sa compréhension du monde, une métamorphose qui permet de saisir un sens tout à fait nouveau et même, innovant. Je crois que l’exemple le plus connu d’une telle définition de l’épiphanie, c’est le célèbre « Eurêka ! » : après une épiphanie, on voit le monde différemment. »
Comment est née votre vocation d'écrivain ?
« C’est à l’ICES que tout a commencé. Alors que j’étais en deuxième année, un concours de nouvelles avait été organisé par la BU. Je n’avais jamais participé à ce genre d’exercice, aussi étais-je un peu curieux : en lettres, nous étudiions précisément alors le style de Maupassant, notamment dans ses propres nouvelles. La tentation était grande, je n’ai pas su résister : il fallait que je tente l’exercice du maître ! Et je crois que ça m’a plu car, depuis, j’ai continué ce petit jeu d’écriture. Au début, ce n’était qu’une nouvelle par ci, une nouvelle par là, mais très vite est née l’idée d’unité. C’est là que j’ai commencé à composer véritablement mon recueil. »
Comment s'est passée l'édition de votre livre ?
« Je me rappelle qu’en Sorbonne, un professeur lors d’une journée de conférences m’avait confié qu’il était presque impossible d’éditer un recueil de nouvelles. Le public est trop restreint, et même si le genre a un succès fou dans le monde anglo-saxon, il peine à se vendre en France. Alors, pour n’importe quelle maison d’édition, prendre le risque de tirer un livre qui ne se vendra pas, et donc de perdre une somme investie, n’est pas concevable - ce que je peux parfaitement comprendre.
Grâce à Gérard Hocmard, un professeur extraordinaire que j’ai rencontré à l’ICES, j’ai entendu parler d’une petite maison d’édition qui a pour ligne éditoriale des ouvrages plus atypiques, plus rares, qui échappent un peu au gros de la production. C’est vers elle que je me suis tourné… et j’ai appris avec joie avoir été retenu ! »
Qu'est-ce qui est le plus important dans l'écriture pour vous ?
« Le désir d’écrire ! Je crois vraiment que c’est la chose la plus importante, et qui se distingue de l’envie d’être lu. L’écriture, c’est comme une confession : on associe des mots pour engendrer des idées, des images, des couleurs. Et toutes ces évocations sont souvent tirées de sa propre vie et de ses rencontres. Mais pour écrire, le mieux reste encore d’avoir quelque chose à écrire, quelque chose à dire, même si ce n’est que pour soi, pour se l’avouer tout bas : ce peut-être une parole de personnage, une situation, une histoire entière.
Après avoir écrit pour soi, on peut seulement penser à écrire pour les autres, et alors c’est une tout autre entreprise. Sans Gérard Hocmard, je n’y serais jamais parvenu : il m’a apporté un regard extérieur. J’ai compris les formulations maladroites qui, si elles fonctionnent dans des mémoires ou sur un ton poétique, ne marchent plus du tout dans une histoire destinée au public. »