Baudouin de Cernon a suivi une licence de science politique à l'ICES. Il est aujourd'hui en première année de thèse à l’EPHE (École pratique des hautes études)
Quel est ton parcours universitaire ? Professionnel ?
Je suis arrivé en licence de Science politique à l'ICES en septembre 2017, sans avoir une très grande idée de mon projet professionnel. Cette licence a l'avantage de proposer une grande variété de disciplines, ce qui permet à chacun de trouver un centre d'intérêt. Au cours de ces trois années, je me suis pris de passion pour la langue arabe et la région Moyen-Orient. C'est donc tout naturellement qu'après l'obtention de ma licence, je suis parti en Egypte pour faire un stage intensif d'arabe au DEAC (Département d'Enseignement de l'Arabe Contemporain). Cette année m'a permis de beaucoup progresser dans cette langue et de pouvoir intégrer le master d'arabe de l'Inalco en recherche. C'est dans ce cadre que j'ai commencé à étudier l'islamologie et j'ai pu réaliser un premier mémoire sur un réformiste algérien exilé au Caire dans les années 1920. J'ai ensuite écrit un second mémoire, cette fois sur un recueil de consultations juridiques (fatwa-s) datant du début de la période ottomane en Tunisie qui m'a permis de me familiariser avec le droit musulman.
L'objectif de ce master était de réfléchir à la possibilité d'entrer en thèse en me formant à l'islamologie tout en renforçant mon niveau de langue. Connaissant mon projet professionnel, mon directeur de mémoire m'a conseillé de candidater à l'agrégation d'arabe qui a le double avantage d'assurer mon avenir dans l'enseignement et continuer à progresser en arabe. J'ai donc passé une année passionnante à travailler à la fois le programme, la maîtrise de la langue mais aussi à me constituer une culture générale littéraire arabe. A l'issue de cette année, j'ai obtenu l'agrégation mais aussi un contrat doctoral de trois ans grâce à l'Institut français d’islamologie (IFI). Actuellement, je suis en première année de thèse à l’EPHE (École pratique des hautes études) et j’étudie des auteurs de la confrérie soufie Naqshbandiyya qui ont tenté une synthèse entre le soufisme, la théologie et la philosophie aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Quel souvenir gardes-tu de l'ICES ?
J'ai trouvé que la façon dont était organisée l'enseignement des sciences politiques à l'ICES permettait une grande liberté intellectuelle en laissant une place à l'enseignement des humanités, peut-être plus important que dans d'autres licences analogues.
Ce type d'enseignement permet d'avoir une vision plus profonde des phénomènes contemporains et de ne pas limiter la compréhension de la politique à des disciplines techniques.
Quel conseil donnerais-tu aux étudiants de l'ICES ?
Je conseillerais aux étudiants de l'ICES qui voudraient se spécialiser sur une zone géographique, quelle que soit la discipline visée (histoire, géopolitique, économie...) d'apprendre en priorité la langue correspondante. Le parcours de Science politique permet à chacun d'explorer une multitude de domaines en autonomie et c'est grâce à ce cadre que j'ai choisi de travailler l'arabe en autodidacte. Des langues aussi différentes que l'arabe, le chinois ou le russe sont intimidantes mais avec un peu de persévérance et surtout du temps, il est possible d'acquérir des compétences précieuses pour l'avenir.
Une langue donne une expérience sur une zone géographique qu'il serait impossible d'obtenir autrement et oblige à se décentrer de notre cadre de réflexion européen qui est minoritaire à l'échelle mondiale. Un autre avantage des langues c'est qu'elles sont transdisciplinaires. Si mon intérêt premier pour l'arabe était d'abord dirigé vers la géopolitique, j'ai ensuite évolué vers l'islamologie. Apprendre une langue, c'est donc se donner une liberté supplémentaire pour choisir un master, une thèse, un premier emploi.