Ordre et (dés)ordres internationaux : entre stabilité et transformation

Les relations internationales reposent sur un ensemble de normes, d'institutions et d'équilibres de puissance qui structurent les interactions entre États. Cet "ordre international" se trouve cependant fréquemment remis en question et réinterprété, au point d'être parfois considéré comme un mythe. Les périodes de rupture et de transition intensifient ces contestations, générant des phases de désordre qui révèlent une tension constante entre stabilité et instabilité au sein du système international. Ce colloque se propose se propose d'examiner la complexité de cette dynamique entre ordre et désordre, ainsi que les transformations qui en découlent. 

Divers événements récents illustrent cette dynamique avec force. L'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 remet en cause des principes fondateurs tels que la souveraineté nationale et la sécurité collective, qui sous-tendent l'ordre international depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Parallèlement, les tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis, notamment autour de Taïwan, démontrent comment la rivalité entre grandes puissances menace non seulement les relations bilatérales, mais aussi l'équilibre global. Cette situation déstabilise les alliances traditionnelles et favorise l'émergence de nouvelles configurations géopolitiques. 

Traditionnellement perçus comme antagonistes, ordre et désordre apparaissent pourtant interdépendants. Le désordre, loin d'incarner un état de chaos pur, s'avère souvent être une phase transitoire où les systèmes internationaux se redéfinissent. Cette déstabilisation - qu'elle soit intentionnelle ou subie - se manifeste par une perte d'efficacité des institutions, une fragmentation des alliances et une remise en question de l'ordre établi, ouvrant ainsi la voie à une réorganisation potentielle. 

Ce colloque propose une analyse approfondie des limites et de la complexité du concept d'ordre international, souvent idéalisé comme un cadre unique et libéral depuis la Seconde Guerre mondiale. La référence à la Pax Americana et au triomphe du libéralisme occulte une diversité d'ordres et de désordres qui on coévolué, tant dans le passé qu'au sein du contexte mondial actuel. La montée de puissances non occidentales comme la Chine, la remise en question de l'ordre libéral par des acteurs populistes ou autoritaires, et la diffusion de visions alternatives de la gouvernance internationale (telles que la théorie du GroBraum de Carl Schmitt) sont autant de signes d'une pluralité d'ordre potentiels.