Diplômé d’une maîtrise (M1) de Lettres modernes à l’ICES en 1997, Laurent Bigot est aujourd’hui journaliste, maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication et directeur de l’Ecole publique de journalisme de Tours (EPJT). Spécialiste international de la vérification de l’information (fact-checking), il forme des professionnels jusqu’en Afrique francophone.
Pourquoi avoir choisi d’étudier à l’ICES ? Quel souvenir en gardes-tu ?
"Étant Vendéen, quasiment Yonnais, j’aurais pu choisir l’ICES pour sa seule proximité géographique… Mais ma véritable motivation était liée au fait que le cursus était à la fois complet, exigeant, que le corps professoral était de bon niveau et que le cursus proposait des options très intéressantes : pour ce qui me concerne, une préparation Science Po et, surtout, une option journalisme qui m’a permis de me familiariser avec mon futur métier. Je conserve aujourd’hui un bon souvenir de cette période, qui m’a bien préparé à la suite de mon parcours : l’apprentissage d’une forme de rigueur et de régularité du travail, dans un confort d’études matériel très agréable."
Quel a été ton parcours depuis ta sortie de l’ICES en 1997 ?
"J’ai obtenu deux diplômes complémentaires d’un an chacun en journalisme (Tours et Paris 2) et j’ai exercé en tant qu’indépendant pendant près de 15 ans, pour divers titres de presse écrite, nationale et régionale, spécialisée et grand public. Puis, en 2013, alors que je souhaitais pouvoir transmettre ma passion du journalisme, je me suis lancé dans une thèse de doctorat consacrée au fact-checking (vérification des faits), sous la direction de Rémy Rieffel, à l’Institut français de presse (IFP – Paris 2). Le sujet n’intéressait pas grand monde à cette période, mais il n’a eu de cesse de faire parler de lui ensuite, avec notamment la montée en puissance des « fake news » et de la désinformation. J’ai soutenu cette thèse en 2017 ; j’ai été recruté en tant que maître de conférences à l’université de Tours en 2018 ; puis, dès 2018, j’ai pris la fonction de directeur de l’École publique de
journalisme de Tours (EPJT)."
Comment en es-tu venu à enseigner la vérification de l’information dans de nombreux pays, à publier un livre, à créer une exposition ?
"Ma thèse et mes articles de recherche (parfois réalisés en collaboration avec mes collègues enseignants-chercheurs de l’université de Tours) ont fait partie des tous premiers travaux francophones sur le fact-checking et la lutte contre les fake news.
Ils m’ont permis de publier un ouvrage de référence sur le sujet dès 2019 (Fact-checking vs fake news, vérifier pour mieux informer, INA Éditions) ; puis ils m’ont conduit à devenir commissaire et référent scientifique de l’exposition Fake News : art, fiction, mensonge, qui s’est tenue à Paris de mai 2021 à janvier 2022 et va prochainement circuler en France et ailleurs. Entre temps, je suis devenu l’unique assesseur francophone de l’International fact-checking network (IFCN), organisation états-unienne qui labellise le travail de vérification et de transparence des médias. Et cela m’a mené à intervenir et former dans de nombreux pays…"
La plupart de ces interventions t’ont conduit en Afrique francophone je crois…
"Certaines d’entre elles sont liées aux partenariats que l’Ecole publique de journalisme de Tours entretient ou met actuellement en place avec d’autres formations universitaires : Turquie, Liban, Algérie, Tunisie… D’autres sont davantage en lien avec ma participation aux travaux de l’ONG Médias et Démocratie, pour former et accompagner les journalistes en Afrique, de la République centrafricaine à la Mauritanie, en passant par le Cameroun. Ce sont toujours des contextes passionnants, même s’ils sont très complexes et risqués pour les professionnels de l’information qui souhaite conserver leur indépendance et leur liberté d’expression."
Quel conseil donnerais-tu à un étudiant actuel de l'ICES ?
"Celui de la rigueur et de la persévérance, quel que soit son rêve ou son projet. Je l’encouragerais aussi à avoir foi en l’avenir, quoi qu’en dise le pessimisme ambiant. Les difficultés existent (géopolitiques, environnementales, etc.) ; il ne faut pas les nier. Mais il y a toujours un chemin, qui finit par se dessiner et conduire vers ce que l’on souhaite. J’ajouterais, pour ceux que le journalisme attire, que ce chemin peut passer par l’EPJT, une des 14 formations française membre de la Conférence des écoles de journalisme reconnue. Je suis à leur disposition !"
Propos recueillis pas Marie Roblot, chargée du réseaux des AlumnICES