Divers
Nous présentons ici un mélange d'ouvrages divers, en commençant par les volumes d'histoire, en poursuivant par ceux d'hagiographie et de liturgie, pour finir avec les commentaires sur les auteurs antiques profanes.
La série de l’Histoire ecclésiastique de Noël Alexandre - prêtre janséniste qui fut le tuteur de Colbert - comportant deux volumes de suppléments, pourra en intéresser certains. Pour son parti-pris gallican, cette production sera mise à l'index par le Pape Innocent XI.
Des dissertions et articles discutent de différents thèmes et personnages. Sur le même sujet, nous disposons d’un bref ouvrage de Berti, et d’un volume sur les institutions chrétiennes antiques. Du côté de l’histoire antique, un volume de Jean-Baptiste-Louis Crevier, élève de l'historien Charles Rollin et professeur de rhétorique à Beauvais, retrace l’Histoire des empereurs romains : depuis Auguste jusqu’à Constantin. Cette œuvre poursuivit l'histoire romaine de Rollin et se repose sur les sources antiques telles que Tacite, l'Histoire Auguste...
Quelques livres d’hagiographie pourront intéresser les martyrologues, tels que les quinze vies de martyrs, imprimées à la typographie vaticane et réunies sous le titre de Quinque martyres, par l'humaniste et professeur de rhétorique jésuite Francesco Benci ; plus appréciable encore : le martyrologue romain de Grégoire XIII et Urbain VIII, réalisé par le cardinal Cesare Baronio, prêtre italien de l'Oratoire, proche de Philippe Néri et bibliothécaire du Vatican ; une biographie complète du cardinal saint Giuseppe Maria Tomasi s’ajoute à l’ensemble. |
Un autre ensemble plus éclectique se présente : un volume d’exorcisme, le Manuale exorcistarum ac parochorum de Candido Brognolo, un ouvrage du célèbre mauriste Edmond Martène, auteur du Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, grand érudit et collaborateur de Mabillon pour l'édition des Pères de l'Église, qui porte sur les rites antiques de l'Église, le De antiquis ecclesiae ritibus libri tres, ex variis insigniorum ; enfin, une Istoria della sacrosanta patriarcale Basilica Vaticana, par Filippo Maria Mignanti, contenant notamment des plans de la fondation de la basilique. |
Nous disposons d’un ouvrage particulièrement original en ce qui concerne les méthodes d’enseignement au sein des communautés religieuses. Après avoir fréquenté l’université jésuite de Pont-à-Mousson, le prémontré Annibal-Servais de Lairuelz, promu docteur en théologie à Paris, sera le réformateur de son ordre jusqu’en Allemagne, en Autriche et en Belgique. Notre édition de son Catechismi nouitiorum et eorundem magistri, contemporaine de l’auteur, est réalisée sous le patronage de saint Augustin et saint Norbert par François Du Bois, typographe du Duc de Lotharingie, au sein de l’abbaye de Sainte-Marie Majeure, fondée à Pont-à-Mousson par l’auteur même. Le format constitue un excellent exemple des méthodes d’instruction dans les congrégations religieuses au XVIIe siècle, tant auprès des novices que des maîtres. Il expose en effet les règles de sélection des novices, les fonctions et les devoirs des maîtres. Par les méthodes de pratique morale et d’exercices à la perfection, de mortification, de correction des novices et d’évaluation de la gravité des péchés, cet ouvrage équivaut presque à un manuel d’exercice à la vertu et à la vie en communauté.
Plusieurs auteurs antiques sont étudiés et commentés dans le fonds Chavagnes : Aristote, par deux ouvrages, Épicure et Diogène Laërce ensemble, ainsi que Synésios de Cyrène, lequel attend un travail approfondi car il est encore peu travaillé.
Sur Aristote, nous disposons du De virtutibus et vitiis disputationes ethicae, in quibus accurate disseritur de José Sáenz de Aguirre. Censeur et secrétaire du conseil suprême de l'inquisition espagnole, ce bénédictin fut nommé cardinal par Innocent XI. Il fut surnommé la "lumière de l'Église" et le "modèle des moeurs" par Bossuet. Il s'agit d'un traité sur les mœurs et les vertus, inspiré de l'Éthique à Nicomaque. Sous le titre de Commentarii in tres libros Aristotelis De arte dicendi, des commentaires sur cette œuvre sont réalisés par Pietro Vettori, philologue et éditeur d'auteurs antiques. Ambassadeur sous la République florentine, il sert ensuite à Rome sous les Médicis comme professeur de latin et de grec. Il procède à l'édition des textes d'Aristote de façon méthodique et scientifique, choisissant avec soin ses manuscrits témoins.
Plus à l'est, Diogène Laërce et Épicure font l'objet de plusieurs "observations" de Pierre Gassendi, dans ses Animaduersiones in decimum librum Diogenis Laertii, qui est de vita, moribus, placitisque Epicuri. Ce mathématicien, astronome et théologien, exerçant à Digne, fut un ami et correspondant de Galilée ; quant à Diogène, c'est grâce à lui que nous sont parvenues les Lettres d'Épicure, ainsi que des éléments biographiques sur cet auteur. En Afrique du Nord, le philosophe Synésios de Cyrène incarna le mouvement néoplatonicien d'Alexandrie. Il suivit les enseignements de philosophie et de science d'Hypatie, et noua une amitié avec Théophile d'Alexandrie, pour lequel il soutint la candidature au patriarcat de son neveu Cyrille. Les Synesiou episkopou Kyrenes Apanta ta euriskomena furent édités et traduits en latin par le très érudit théologien jésuite Denis Petau, éditeur de plusieurs Pères grecs. Celui-ci tint notamment la charge de bibliothécaire du Collège de Clermont, futur Lycée Louis le Grand, succédant à Fronton du Duc. Sa première édition de Synésios parut après dix ans de travaux, avec le soutien du protestant et spécialiste des auteurs antiques, Isaac Casaubon. |