Lundi 13 mars, le général Frédéric Blachon, doyen de la faculté de science politique et d'histoire invitait Emmanuel Todd et David Teurtrie pour une conversation sur la situation en Ukraine. Emmanuel Todd, anthropologue, démographe et historien, auteur de nombreux ouvrages qui ont marqué les sciences sociales, dont ‘‘La chute finale’’ (1976), ‘‘L’illusion économique’’ (1998) ou ‘‘Après l’empire’’ (2002) revient aussi sur son dernier ouvrage, « La 3e Guerre mondiale a commencé » paru au Japon en 2022 et vendu à plus de 100 000 exemplaires. David Teurtrie, maître de conférence en science politique de l’ICES, est l'auteur de ‘‘Russie : le retour de la puissance’’ (Armand Colin, 2021).
Emmanuel Todd et David Teurtrie expliquent leur compréhension de la guerre en Ukraine
Emmanuel Todd :
« Cette guerre est un test de réalité. Avant le début du conflit, je voyais une Russie qui se stabilise et les Etats-Unis, l'Anglosphère, qui entrent en crise. L'Anglosphère et l'Europe sont deux systèmes qui sont en crise. Le PIB américain, c'est des médecins trop payés et des médicaments trop chers avec une mortalité qui augmente. Symétriquement le PIB russe (3 % du PIB de l'Occident) cache la réalité physique de l'économie russe avec le redécollage de l'agriculture russe, la production de centrales nucléaires etc. L'ampleur de la résistance de l'économie russe va au-delà de ce que l'on pouvait imaginer (...) De même, la capacité de résistance de l'armée ukrainienne est une surprise.... »
David Teurtrie :
« Avec ce conflit, on a la preuve que l'économie, mesurée en termes de PIB, n'est pas suffisante pour résumer la puissance d'un pays. La résistance de l'économie russe aux sanctions a deux grandes explications : la préparation de la Russie à une aggravation des relations avec l'Occident. C'est le cas notamment dans le domaine financier avec la dédollarisation partielle de l'économie, la création d'un équivalent russe du SWIFT etc. Et puis l'inefficacité relative des sanctions est liée au fait que les élites occidentales, qui prétendent vivre "dans le monde d'après", vivent en réalité "dans le monde d'avant", celui où l'Occident était encore central dans le système international, ce qui n'est plus le cas... »
Pour en savoir plus, la conférence est disponible dans son intégralité sur la chaîne Youtube de l'ICES.
