Entretien avec Élodie Lefort, responsables des collections de la Fondation Napoléon

26 mars 2024

Elodie Lefort est responsable des collections à la fondation Napoléon. Dans le cadre du séminaire “Napoléon, une histoire vivante”, elle est venue partager son expérience aux étudiants du master Histoire vivante. 

Elodie Lefort, responsable des collections de la fondation Napoléon

Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai un parcours universitaire : j’ai réalisé des études d’histoire à l’université de Rennes II, jusqu'au master d’histoire médiévale. En parallèle de ce master j’ai réalisé une licence d’histoire de l’art pour compléter ma formation. A l’issue de cela, je savais pertinemment que je voulais m’orienter vers le patrimoine et le monde des musées, donc j’ai réalisé en plus un master pro Gestion des patrimoines architecturaux et artistiques.

Après un premier stage et une mission de vacation que j'avais effectué à Malmaison, j’ai rejoint la fondation Napoléon juste après, en 2014, comme responsable des collections. 

Aujourd’hui, que venez-vous apporter aux étudiants de l’ICES pour ce séminaire “Napoléon, une histoire vivante” ? 

Je viens montrer que l’histoire de Napoléon se vit aussi dans les musées et qu’il y’a de nombreux musées napoléoniens en France et à l’international. Je viens montrer que tous ces acteurs participent à la création d’expositions temporaires et au renouvellement de l’historiographie et de la présentation du personnage de Napoléon. 

Une exposition centrée sur l'ensemble de la vie de Napoléon, exceptée celle de la Villette pour le bicentenaire en 2021, il n’y en a plus beaucoup.

Désormais, on s’attache plus à faire une exposition sur une partie de sa vie, sur un personnage de la cour de Napoléon, sur un artiste ou sur un aspect très restreint. Les musées permettent ainsi de renouveler totalement l'historiographie tout en soutenant les recherches historiques que peuvent faire les universitaires. C’est quelque chose de vivant puisque les musées ne sont pas destinés uniquement aux élites mais à tous. Les musées vivent grâce aux visiteurs et en proposant des expositions les plus attractives possible, qui correspondent le plus aux attentes du public aujourd’hui.

Dans la fondation Napoléon, en quoi consiste votre mission ? 

Dans la fondation nous sommes une petite équipe où chacun a sa mission bien définie. Je suis la seule à gérer la collection de A à Z, au quotidien. Je m’occupe de la conservation des oeuvres, d’assurer la restauration quand c’est nécessaire, des numérations, des prises de vue, des recherches, de l’alimentation de la base de données et de gérer les mouvements quotidiens. 

En parallèle, nous organisons la gestion des expositions. La fondation est organisatrice d’expositions, mais prête également souvent les oeuvres. Quand des institutions ont des objectifs d’exposition, elles nous contactent et nous prêtons volontiers des œuvres dans tous les musées. Puis je m’occupe de l'œuvre jusqu'à l'emmener sur place et l’installer dans les vitrines. 

 

Quels sont les défis majeurs que vous rencontrez dans votre métier ?

Il y’a trois mots d’ordre dans mon métier. Le premier est l'organisation, pour gérer sereinement une collection importante, et l'exposition des oeuvres. Le deuxième mot est la rigueur et la précision, car quand nous manipulons un objet avec une richesse historique si importante, il faut savoir être précis dans le vocabulaire et sa manipulation. Enfin le mot d’ordre est la passion du métier, j’ai la chance de pouvoir manipuler des objets qui sont au cœur de l’histoire.

Un défi est peut-être de réussir à toujours intéresser les visiteurs à Napoléon, et de renouveler les présentations pour que les jeunes continuent à venir dans les musées, qu’ils ont tendance à déserter d’ailleurs. 

Code civil français napoléonien

Comment la Fondation Napoléon s’efforce-t-elle de rendre l’histoire de Napoléon vivante pour les générations actuelles ? 

Nous essayons d'être très présents sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram parce que c’est là qu’on peut visuellement montrer quelque chose d’une oeuvre. Nous utilisons le visuel, nous cherchons à rendre plus accessible les œuvres, et nous veillons à ce que le propos soit adapté. Par le biais de nos réseaux sociaux,nous tentons d’attirer les jeunes aussi bien dans nos expositions que dans nos collections. 

Quels conseils avez-vous donné aux étudiants qui souhaitent travailler dans le patrimoine ? 

Le premier conseil est de travailler son réseau. Faire le plus de stage possible permet d’acquérir une expérience et en plus de créer son réseau.
En outre, nous pouvons toucher tous les métiers du patrimoine : la conservation, la médiation, la régie, la numérisation, la restauration, un panel de métiers différents !

Plus on accumule les expériences, plus on saura avec précision ce qu’on veut faire, plus on augmente son réseau et plus on sera à même d’avoir des pistes de postes, retour d'expérience !