La région des Pays de la Loire compte 380 000 personnes âgées de plus de 75 ans. Le vieillissement de la population progressera encore dans les années à venir. L’alimentation est un déterminant majeur de la santé et du bien vieillir. Pharmacien nutritionniste, Guillaume André, chargé d’enseignement en nutrition appliquée à l’ICES et à l’Université de Nantes, a été missionné pour faire un état des lieux sur la situation de l'alimentation des personnes âgées en Pays de la Loire et d'émettre des recommandations pour la décennie à venir.
Guillaume André, quels sont les objectifs et les contours de ce rapport ?
"Ce rapport a pour but d’illustrer les enjeux de l’alimentation des personnes âgées sur le territoire ligérien et de proposer des recommandations spécifiques au territoire régional. Ce rapport s’intéresse aux personnes âgées de plus de 75 ans vivant à leur domicile ou en institution de type EHPAD. L’alimentation des personnes âgées est l’affaire de tous les acteurs, de la fourche à la fourchette : les personnes âgées elles-mêmes, leur famille, les aidants, les professionnels de santé, les acteurs de l’action sociale, les cuisiniers et professionnels de la restauration, les agriculteurs et producteurs, les éleveurs, les acteurs de la pêche et de l’aquaculture, les acteurs de l’industrie agro-alimentaire et les différents intervenants des circuits de distribution."
Pourquoi s'intéresser à l'alimentation de nos séniors ?
Des aspects démographiques...
"Grâce à l’allongement de l’espérance de vie, nous vivons une transformation démographique inéluctable. Devenir vieux est aujourd’hui un fait banal. A 60 ans, l’homme a encore une espérance de vie d’environ 21 ans et la femme de 27 ans. D’ici 10 ans, le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans dépassera le nombre de jeunes de moins de 20 ans.
Le vieillissement de la population ligérienne est également plus marqué sur le littoral. Les grandes agglomérations concentrent la population alors que certains territoires ruraux présentent une densité de population beaucoup plus faible et deviennent plus isolés. Une très large majorité des personnes souhaitent vieillir à domicile ou rester à domicile le plus longtemps possible même si leur état de santé se dégrade."
Des aspects de santé publiques...
"Quel que soit l’âge, l’alimentation est un déterminant majeur de la santé et du bien vieillir. L’avancée en âge constitue un facteur de risque de dénutrition. Or la dénutrition est un facteur d’accroissement très important de la morbidité et de la mortalité quelles que soient les pathologies sous-jacentes, tant au domicile qu’en institution. La dénutrition du sujet âgé est un des premiers facteurs menant à la perte d’autonomie. Parallèlement, les interventions nutritionnelles concernant les personnes âgées dénutries ou à risque de dénutrition sont efficaces pour limiter la perte d’autonomie et réduire le risque d’hospitalisation."
Des aspects humains et éthiques...
"Manger est un acte social. Mal manger entraîne de nombreuses conséquences anthropologiques, indépendantes du seul aspect nutritionnel. Ainsi, pour les personnes âgées vivant en institution, manger est l’un des rares moments de plaisir qu’il leur reste. Pour certains, à cause du manque d’autonomie fonctionnelle ou des conditions du repas, l’alimentation peut ne plus être un plaisir. Le respect des goûts et habitudes du résident est un droit légitime. Pour les personnes âgées vivant à leur domicile, les repas participent au maintien du lien social."
L’avancée en âge constitue un facteur de risque d’une mauvaise alimentation voire d’une véritable dénutrition aux conséquences morbides, sociales et économiques graves. Ce rapport met en lumière de bonnes pratiques et des propositions pour alimenter l’ambition régionale.
Webinaire organisé par le Gérontopôle des Pays de la Loire
Le 6 juin dernier, Guillaume André, chercheur associé au Gérontopôle des Pays de la Loire, a présenté, de manière synthétique, son rapport sur "L'alimentation des personnes âgées : enjeux et recommandations" (2022).