Jean-Pierre Deschodt « Le propre de l’histoire est de n’être jamais dépassé »

23 novembre 2020

Membre du CRICES, habilité à diriger des recherches, Jean-Pierre Deschodt est le directeur du département Histoire de l'Institut catholique de Vendée (ICES)

À votre avis, y-a-t-il un désintérêt des étudiants pour les études d’histoire ?

"S’il y a un désintérêt c’est parce que l’histoire est mal enseignée. Trop de professeurs d’histoire sont devenus des apprentis sorciers, ils ont tellement voulu innover qu’ils en ont oublié les bases. L’histoire que l’on propose aux lycéens et voir de temps en temps aux étudiants n’est pas enseignée avec assez de passion. On a tendance à décortiquer les choses et on en perd le sens général : l’Homme."

Quelles sont les particularités de l’enseignement de l’Histoire à l’ICES ?

"La première particularité est la chronologie. Un étudiant doit se situer dans l’espace-temps. Il doit être capable de repérer les éléments clés qui composent sa propre histoire. Le propre de l'histoire est de n'être jamais dépassé, au sens où il existe une réalité immuable dans l'exposé des faits. Pour cela, il faut avoir cette vision chronologique et, dans un même effort, utiliser tous ces événements pour comprendre ce qui les lie."

Le propre de l'histoire est de n'être jamais dépassé...
Jean-Pierre Deschodt, directeur du département Histoire à l'ICES
Les Fonds patrimoniaux à la BU de l'ICES

Quels sont les débouchés du master histoire et patrimoine ?

"Les débouchés sont multiples. En master, il y a la spécialité de la recherche et le travail du mémoire. Ces éléments restent la clé de cette formation. A la fin des 2 années de master, l’étudiant sait s’il est fait pour la recherche ou non. Il y a donc les étudiants qui se dirigent vers le doctorat. Mais pas seulement, certains s'orienteront plutôt vers les métiers de l’enseignement, pour cela ils devront passer les concours du CAFEP/ CAPES. Puis, il y a ceux qui se destineront aux concours administratifs : attaché territorial, attaché de conservation du patrimoine. Enfin, un dernier groupe qui, voyant que la recherche n’est pas faite pour eux, arrêteront leur choix sur un autre master 2 beaucoup plus professionnalisant."

En quoi est-ce important d’avoir des enseignants qui sont HDR ? Qu’est-ce que cela signifie ?

"HDR signifie Habilitation à Diriger des Recherches. Être professeur HDR permet de diriger ou d’intervenir dans n’importe quelle thèse. Cela signifie que le professeur est capable de conduire une « équipe recherche » dans un but précis et de faire participer les uns et les autres à un thème de recherche prospectif et stratégique. Être HDR, c’est le niveau qui permet la reconnaissance d'un savoir-faire."

Le département histoire de l’ICES est proactif dans le domaine de la recherche, notamment avec l’organisation de colloques, pourquoi ?

"L’organisation d’un colloque, c’est la mise en valeur de la recherche scientifique. C’est l’occasion, par exemple, de faire le point sur des activités militaires, politiques qui ont marqué une génération.

On peut organiser d’autres types de travaux, participer à des recherches au niveau international. Cela nous permet de montrer qu’on est capable dans une petite structure comme l’ICES de faire de la recherche à un niveau satisfaisant."

Ces dernières années, vous avez organisé une série de colloques internationaux sur la Première Guerre Mondiale. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

"Il était difficile pour des historiens dignes de ce nom de passer à côté de la commémoration du centenaire de la 1ère Guerre mondiale. Il apparaissait comme opportun de suivre année après année cette 1ère guerre mondiale et d’essayer de ne pas avoir une vision uniquement franco-française mais une vision globale de la guerre.

Ainsi, en collaboration avec le centre Roland-Mousnier (Paris IV Sorbonne), nous avons organisé depuis  2012, une série de colloques pour ce centenaire, avec une première rencontre sur les guerres balkaniques ; puis en juillet 2014, une seconde session sur les conditions dans lesquelles ce conflit a été déclenché. Les trois colloques suivants ont porté sur le déroulement et la fin de cette guerre totale. En novembre 2019, nous avons terminé le cycle avec un ultime colloque sur les conséquences politiques, économiques et sociales de la Grande Guerre.

Tous ont fait l'objet de publications scientifiques. D’ailleurs, le 5 novembre dernier, vient d’être publié le dernier tome sur les conséquences de la guerre, aux Éditions SPM."

Publié le 5 novembre 2020
"Les guerres balkaniques 1912-1913", publié par PU Paris-Sorbonne
"La crise de juillet 1914 et l'Europe", publié aux éditions SPM
"De Tannenberg à Verdun la guerre totale", publié aux éditions SPM
"La terre, l'or et le sang. L'année 2017", publié aux éditions SPM
"1918 Demain la paix ?", publié aux éditions SPM

Propos recueillis par Constance de Petiville